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Lettre de Charles IX au Gouverneur de Matignon

1563

Lettre de Charles IX au Gouverneur de Matignon

samedi 26 février 2005

Louis de Pierrepont de Saint-Marcouf, chef du parti protestant et lieutenant de Montgommery a été trahi dans sa tentative de prise de Cherbourg.

Tombé dans une embuscade tendue par le gouverneur de Matignon en forêt de Brix, il est emprisonné et torturé. La Cour s’enquiert des soutiens dont il a bénéficié. Le Roy et surtout sa mère la redoutable Catherine de Medicis sollicitent le Sire de Matignon afin qu’il les renseigne sur les aveux obtenus de Pierrepont. Malheureusement pour eux, ce dernier a succombé est déjà décédé non sans avoir copieusement mis en cause plusieurs membres du parti catholique semant ainsi le doute dans le parti ennemi...


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Charles IX, 1550-1574
En août 1572, il ordonne les massacres de la Saint-Barthelemy

Monsieur de Matignon,

J’ai reçu la lettre que vous m’avez écrite par le sire de Bizien, présent porteur et entendu sa créance et le contenu au procès verbal que vous m’avez envoyé par lui des dépositions de feu Pierrepont à l’encontre des personnes nommées audit procès verbal ; mais s’étant lorsqu’on l’a mené au supplice dédit et déchargé ceux qu’il avait précédemment chargés, l’on ne sait en de telles variations que ordonner là-dessus et croy que vous ne pouviez mieux ni sagement faire que de vous en être allé mettre dedans Cherbourg, pour en telle suspicion pourvoir à tous inconvénients et dangers. Estant bien d’avis si vous ne l’avez fait, que vous fassiez interroger le lieutenant de Cherbourg sur le fait dont il l’a chargé et les deux habitans, chacun séparément sans qu’ils sachent rien l’un de l’autre pour voir s’il n’y aura point de contrariété ou de variation dans leurs réponses et faire procéder contr’eux par les Commissaires que j’ai envoyés en Normandie.

Ce sera aussi bien fait de faire interroger ceux qu’il a accusés d’avoir conspiré d’attenter contre votre personne. C’est chose que je voudrai aussi peu demeurer impunie que le demeurant, tant pour la qualité du lieu que vous tenez, que pour ce que je désire faire punition de tous meurtres et assassinats que la rigueur de la peine serve à pourvoir à de tels malheureux actes. Et parce que ce porteur me dit que vous étiez résolu d’ôter votre lieutenant du château et d’y mettre un autre tel qu’il me plaira, je désire que vous m’en nommiez trois de ceux que vous estimerez plus dignes et je choisirai l’un d’eux pour le pourvoir.

Au demeurant, pour ce que ledit de Pierrepont a parlé d’un certain Ecossais qu’il a dit être originairement dépêché par le comte de Montgommery, pour aller et venir en Angleterre et qu’il importe de découvrir quelle peut être l’occasion de tels voyages je vous prie de donner tout l’ordre qu’il vous sera possible à le faire attrapper, et instruisez tous ceux à qui vous en donnerez la charge qu’ils se saisissent de toutes les lettres et papiers, qu’il porterait sur lui, afin de voir, et des réponses qu’il fera sur ce dont vous ferez enquérir, si l’on pourra rien tirer de ce que dessus, et mandez moi quelles marques et signal ledit Ecossais a sur lui afin que s’il vient en cette compagnie je lui fasse mettre la main sur le collet. Priant Dieu, Monsieur de Matignon, qu’il vous ait en sa sainte garde.

Charles.



P.-S.

lettre publiée par M. Pezet in Creully et ses environs, collection Monographies des villes et villages de France, Res Universis p.215

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